A savoir sur nos petits surdoués

Voici un sujet qui me tient particulièrement à cœur pour en connaitre.
Le mot surdoué ne plait pas toujours, mais il parle à la majorité d’entre nous.
Voici des notes que j’avais extraites, il y a longtemps, du livre « l'enfant surdoué » 
de Jeanne Siaud Facchin, psychologue clinicienne, spécialiste des surdouéswww.jeannesiaudfacchin.com


Un enfant surdoué se distingue par la forme particulière de son intelligence.
C'est l'aspect qualitatif, et non pas quantitatif, qui a de la valeur.
Etre surdoué ne signifie pas être plus intelligent que les autres, mais fonctionner avec un mode de pensée et une structure de raisonnement différente.
C'est cette particularité qui rend souvent difficile sont adaptation scolaire, mais aussi sociale.
Sur le plan affectif, l'enfant est un être d'une sensibilité extrême, muni de multiples capteurs branchés en permanence sur ce qui l'entoure.
L'enfant surdoué perçoit et analyse avec une acuité exceptionnelle toutes les informations en provenance de l'environnement et dispose de la capacité étonnante de ressentir avec une grande finesse l'état émotionnel des autres.
Véritable éponge, l'enfant surdoué est depuis toujours littéralement assailli par des émotions, des sensations et des informations multiples qui lui est le plus souvent difficiles de vivre, d'intégrer et d'élaborer.
L'enfant tente de s'en protéger par une mise à distance de toute la sphère émotionnelle et se "coupe" de ses propres émotions.
Ce fonctionnement fragilise le développement affectif de ces enfants et les rend psychologiquement vulnérables.
C'est la singularité de son mode de pensée et son fonctionnement affectif qui caractérise l'enfant surdoué.
Un enfant surdoué est un enfant différent

Quand il aime, c'est de façon totalement absolue et indestructible. Prêt à tout pour défendre l'autre.
Haine farouche pour celui qui l'aura déçu ou pire, qui l'aura blessé. La blessure reste ouverte très longtemps.

Susceptibilité extrême. Attention à l'impact de la moindre remarque aussi anodine soit elle. Elle peut déclencher un cataclysme émotionnel.
Il faut comprendre cette susceptibilité quand on voit à quel point l'enfant ressent tout avec une telle intensité.

Il peut se rappeler d'épisodes de sa vie de bébé et en garder la charge émotionnelle.
L'enfant vit avec la peur de l'émergence de ces angoisses profondes et qui pourraient venir perturber son adaptation au monde.

Il peut percevoir la moindre émotion chez l'autre avant que celui-ci en soit conscient

Mathieu subit depuis 2 ans les disputes de ces parents. Il sent les hostilités se profiler avant qu'elles n'éclatent. Pour y remédier, il attire l'attention sur lui en lançant une conversation voir même une bêtise et permettre ainsi à l'agressivité de s'exprimer autrement.

Toutes les informations venant de ces sens sont interprétées. Une odeur sera analysée alors que nous-mêmes la sentons sans en connaître son origine.

Il perçoit la fragilité des autres, les souffrances et les faiblesses.
Un enfant a besoin de sentir que l'adulte est solide, qu'il peut le protéger.
Comment vivre sereinement quand l'adulte censé être fort est perçu plus fragile.

Par contre, il aura un amour, une passion, pour un adulte dont il ressent la capacité à surmonter ses faiblesses. Cet adulte devient un héros.

En résumé :
    - hypersensibilité émotionnelle. Tous les sens de l'enfant sont exacerbés            
       (hyperesthésie) Il est constamment bombardé d'informations sensorielles.
    - L'empathie. Il ressent avec une grande finesse l'état émotionnel des autres.
    - La lucidité.

Attention aux messages que nous envoyons aux enfants. Ils construisent leur identité !
Il faut être très vigilant à ce que l'on dit en tant qu'adulte.
Nous savons que certains de nos messages ne s'adressent pas à la totalité de l'enfant :
"Tu es méchant !" exprime un mécontentement pour une situation précise. Mais l'enfant entend un message identitaire global qui le définit. Il comprend que c'est lui dans sa totalité, qui est méchant.
A l'inverse, il est indispensable d'adresser des messages positifs. On réprimande souvent ce qui ne va pas, car les comportements positifs sont considérés comme normaux.
On gronde toujours l'enfant qui ne vient pas immédiatement à table, mais on ne le félicite pas lorsqu'il vient dés qu'on l'appelle. Notre éducation nous dit que, si on complimente l'enfant, il aura la grosse tête. Plus l'enfant recevra des messages valorisant plus l'image qu'il se construira sera stable et solide.

Mécanismes de défense

3 variétés :
    - la défense par la cognition (faculté de défense)
    - l'humour
    - le développement du monde interne

Cognition : Il va faire passer par l'intellectuel, la logique, le raisonnement, l'explication rationnelle, toutes données émotionnelles.
Humour : Il a beaucoup d'humour. C'est une manipulation du poids émotionnel. Il supporte mal l'humour à son égard. Il ne perçoit pas le sens comique dans ce cas là. Il prend mot pour mot la critique.


Le monde interne
: un monde à l'image de lui où tout fonctionne parfaitement. Il pallie au manque qu’il à dans le monde réel.

Pourquoi son mode de pensée pose problème à l'école :
L'élève n'a pas compris l'énoncé comme tous les autres élèves.
Il est convaincu qu'il ne sait pas, car la réponse que le professeur attend ne peut, à ces yeux, être une réponse possible.

La pensée, qui se développe parallèlement dans plusieurs directions, l'association rapide et incessante d'idées, l'activation simultanée d'un champ de pensées élargies, explique la difficulté de l'élève surdoué à rester dans le cadre du sujet.
Le fonctionnement de sa pensée l'entraîne trop loin et trop vite.
L'intuition mathématique qui lui donne les réponses sans qu'il ait développé un raisonnement, les procédures de calcul qu'il utilise, l'incapacité à justifier et à argumenter sa réponse constitue une entrave lourde de conséquences dans le modèle scolaire.


Parcours scolaire

Primaire : se passe plutôt bien. Son intelligence lui suffit pour intégrer les connaissances et les restituer sous une forme acceptable.
Sa mémoire prodigieuse lui assure un travail minimal. Souvent, il sait avant d'avoir appris sa leçon, car il a entendu la maîtresse dicter son cours ou il a parcouru sa fiche avant de la ranger dans son cartable. Et cela lui suffit pour réciter.

Collège :

6ème : malgré les changements d'organisation des cours par rapport au primaire, il parvient encore à s'appuyer sur ces connaissances et son intelligence pour parcourir l'année sans embûche. L'attrait de la nouveauté le stimule. Il sort de la routine du primaire.

5ème : les plus chanceux continus sur leur lancée, mais en fin de 5ème l'essoufflement commence toujours à se faire sentir.

4ème : l'année fatale ! Le séisme est brutal. Soudain, il est demandé à l'enfant d'utiliser des stratégies d'élaboration et de réflexion pour produire son travail. Les professeurs attendent de l'élève une activation des procédures de raisonnement normalement assimilées les années précédentes. L'exploitation des processus d'apprentissage antérieur devient indispensable dans l'expression des connaissances. Et c'est la catastrophe pour l'élève qui se retrouve complètement perdu, incapable de se raccrocher au wagon. Lui qui n'a jamais appris à apprendre est désemparé devant cette demande de l'école. Il est perdu et se demande ce qui lui arrive.

3ème : l'effondrement ! L'enfant s'enfonce dans ses difficultés et entre dans une spirale d'échec.
Habitué à comprendre, à savoir, l'enfant se sent soudain nul et incapable.
Il a honte de ce qui se passe.

Il peut manifester différents comportements qui peuvent aller du désintérêt et du désinvestissement scolaire à des troubles psychologiques plus sérieux : repli, troubles du comportement, dépression.

La fin de la 3ème est un tournant décisif. C'est l'aiguillage qui permet ou non la poursuite d'études générales.

La dépression de l'ado surdoué est une dépression sur le vide.
L'objectif : surtout ne plus penser ! Surtout ne plus activer la machine à penser ! Ce vide dépressif est un mécanisme de défense contre les pensées.
Il n'est en rien un vide structurel tel qu'on le rencontre dans d'autres cas cliniques.
Pour l'ado surdoué, penser est un équivalent symbolique de "danger" de danger de la mort.
Chez les ados, aucune manifestation de tristesse, de douleur, de souffrance n'est ressentie ni exprimée. Il n'existe plus aucune possibilité d'accéder au monde interne, au monde des émotions. Tout est verrouillé, barricadé, cadenassé.
En consultation, l'ado, inlassablement, répond "je ne sais pas" à toutes les questions qui lui sont posées. Il ne s'agit pas d'une manifestation d'opposition, mais d'une réelle volonté de surtout ne plus rien savoir, ne plus réfléchir.

Comment le motiver :

Permettez-lui de s'impliquer et de s'approprier ses réussites.
Il ne travaille pas pour vous faire plaisir ou pour vous ramener des notes, mais pour lui, pour son propre plaisir. Ce qui est différent de "c'est pour ton avenir. Si tu ne travailles pas, c'est toi qui seras embêté plus tard. Si je te dis ça, c'est pour toi. Moi, ça y est, j'ai un métier."
Ce type de discours envahit l'espace de votre enfant, car il contient un paradoxe : "je te demande de travailler POUR TOI"
L'enfant doit ressentir en lui, l'envie de travailler et de réussir. Ce doit être SON projet.

Développer son estime de soi. Encouragez-le, félicitez-le.
Quand la motivation est déclenchée, elle a besoin de renforcement positif extérieur (vos encouragements). Plus vous manifestez votre plaisir de le voir réussir, plus il aura envie de renouveler son exploit.
Une autre réussite s'enchaînera sur celle-ci si elle a été suffisamment valorisée.
La valorisation de la réussite est beaucoup plus efficace que la sanction de l'échec.

Commentaires

  1. Merci pour le partage, c'est drôle parce que au fur et à mesure de cette lecture j'ai fais beaucoup de rapprochement avec d'autre chose en suivant cette description, mais bon c'est ma pensée. Un peu bizarre la fille des fois.

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    1. Merci Doune. On y trouve de bons conseils de vie, valables pour tous

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